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Effacer l'histoire la mémoire ?

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http://adirp10.unblog.fr/2014/10/03/quand-la-geographie-remplace-lhistoire/  

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Elne, ville d’environ 8 000 habitants dans les Pyrénées-Orientales. En mars 2014, Yves Barniol, qui s’est présenté « sans étiquette », est élu maire.

Avez-vous remarqué cette étrangeté politicienne, à savoir que ceux qui se disent « sans étiquette » ou prétendent « ne pas faire de politique » sont toujours de droite, voire « plus si affinités » ?

Rosa Parks

Rosa Parks

A Elne, la précédente municipalité communiste avait décidé de rendre hommage à plusieurs femmes marquantes de l’histoire sociale, révolutionnaire ou politique, en baptisant de leurs noms les rues d’un nouveau quartier. Il y aurait eu, entre autres, la rue Olympe de Gouges, la rue Lucie Aubrac, la rue Geneviève de Gaulle-Anthonioz (bientôt au Panthéon), la rue Martha Desrumaux, toutes trois résistances. Ou bien la rue Rosa Parks, qui refusa de céder sa place à un blanc dans un bus américain. Aurait été célébrée aussi Madeleine Fillols, sage-femme de la maternité d’Elne native de cette ville. Mais le nouveau maire « sans étiquette » a annulé la délibération du 4 février 2014 pour donner aux rues du nouveau lotissement les noms de montagnes environnantes : Canigou, Carlit, Fonfrède… Il a aussi fait voter la suppression du poste de directrice de la Culture de la commune. « Quand j’entends le mot culture… ». 

Elne possède aussi un lieu de souvenir, protégé comme monument historique depuis 2012 : la maternité suisse.  En 1939, la Retirada pousse vers la France les Républicains espagnols, civils et militaires, hommes, femmes et enfants. Ils fuient la dictature fasciste de Franco. La France républicaine n’ouvre pas les bras aux vaincus du Front populaire espagnol, mais des camps d’internements gardés par la troupe, avec des conditions terribles de vie. Les femmes enceintes redoutent d’y accoucher et de nombreux morts de bébés ou de mères durant l’accouchement  sont enregistrés. Un jeune institutrice suisse, Elisabeth Eidenbenz, sous l’égide de la Croix-Rouge suisse, installe une maternité de fortune de septembre 1939 à avril 1944, date à laquelle les allemands la ferment. Elle  va accueillir des réfugiées espagnoles sur le point d’accoucher, mais aussi des juives, des tziganes et d’autres origines, toutes persécutées lorsque les nazis et leurs séides de Vichy dicteront leur loi à la France: 597 enfants de 22 nationalités différentes sont nés dans cette maternité.

« RÉVULSION » DE L’ANCIEN MAIRE NICOLAS GARCIA

Il a réagi dans une interview publiée le 2 octobre dans un hebdomadaire national :

« Quand j’ai appris la décision du nouveau maire de débaptiser ces rues, j’ai ressenti une grande colère. Une révulsion. Pourquoi ? Parce que je suis très attaché à l’histoire, très sensible au symbole de résistance et à l’antifascisme, descendant moi-même de républicain espagnols qui ont connu les camps. C’était un honneur de pouvoir donner à ces rues les noms de femmes qui ont joué un rôle énorme dans l’histoire sociale, aussi bien au niveau mondial qu’à l’échelle locale. Je pense particulièrement à Madeleine Fillols qui a œuvré à la maternité suisse d’Elne pendant la guerre d’Espagne. [...]

Qu’est-ce qui peut pousser aujourd’hui à débaptiser ces rues ? À remplacer ces noms porteurs de valeurs républicaines auxquelles nous sommes profondément attachés par des noms de pics montagneux, alors que nombre de rues s’appellent déjà de la sorte ici ? Quelle sorte de haine ou de vengeance peut bien pousser à prendre une telle mesure, digne d’une mairie FN ? 

Le problème étant que cette décision intervient dans un climat particulièrement tendu à Elne, depuis l’arrivée de la droite à la mairie. Ce n’est pas un acte isolé. On prétexte que l’on n’a plus d’argent, mais cela n’empêche pas de vouloir installer de la vidéosurveillance dans les rues et de renforcer la police municipale. De la même manière que les pompes funèbres municipales ont été privatisées, et qu’il en coûtera maintenant aux Illibériens (les habitants d’Elne) quatre fois plus cher pour enterrer leurs morts dans des conditions convenables. Même chose en ce qui concerne le règlement des jardins ouvriers, qui existent depuis 40 ans dans la commune. Les usagers se sont approprié les lieux, laissant parfois leurs animaux se promener sur les sites ou débordant légèrement du règlement. Ça ne dérange personne, mais la municipalité les menace… 

Autre chose, nous acceptions auparavant que ce soit les membres de l’opposition qui marient les couples quand ces derniers en faisaient la demande, pour des raisons de proximité familiale par exemple. C’est désormais impossible puisque l’on refuse à l’opposition cette délégation d’état civil.

Je veux être clair. Je n’en ai rien à fiche que l’initiative de baptiser ces rues du nom de femmes résistantes vienne de moi. Je suis simplement consterné et choqué que l’on s’attaque aux valeurs qu’elles représentent, alors qu’on pourrait tout à fait donner ces noms de montagnes à d’autres rues dans le futur ».


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